Pourquoi le fêter en février ?
Le premier jour de l’année
Définir le premier jour de la nouvelle année est un problème aussi ancien que l’invention du calendrier. Mais comment définir le début d’un nouveau cycle ? Tracez un cercle : ou se trouve le début ?
Dans la pratique il s’agit de faire coïncider une sensation de renouveau avec un évènement naturel facilement repérable et qui fasse consensus.
On se base en général sur un phénomène astronomique, le plus simple à observer étant le solstice d’hiver, c’est à dire le moment de la culmination la moins importante du soleil, le jour de sa position la plus basse sur l’horizon. Un système rudimentaire d’observation, tel qu’un simple cadran solaire, peut suffire.
On trouve aussi l’équinoxe de printemps, lorsque la jour et la nuit ont la même durée et que la hauteur du soleil est exactement entre celle du solstice d’hiver et celle du solstice d’été. Le repérage de l’équinoxe demande toutefois de posséder un observatoire pour mesurer précisément cette hauteur.
Comme certains jours le ciel est couvert, les astronomes ont du inventer des techniques basées sur le comptage des jours avant et après ces phénomènes et un report des observations astronomiques dans un calendrier pour pouvoir en assurer le relevé.
Le calendrier
Le calendrier est ensuite utilisé pour définir les jours d’activités collectives, c’est à dire les moments forts de la vie religieuse, politique, agricole …
Le jour du nouvel an est un de ces temps forts, mais comme on vient de le voir, rien ne permet d’en définir le moment sinon la convenance par rapport à un système de calcul basé sur l’observation astronomique.
De surcroît chaque calendrier pose des problèmes techniques : une année solaire dure 365,25 jours. Si l’on se base sur une année de 365 jours, il dérive d’un jour en quatre ans, soit de presque un mois en un siècle !
C’est ainsi que chez nous en occident le nouvel an s’est déplacé au gré des réformes du calendrier, jusqu’à la mise en place du calendrier grégorien, enfin stable car il rajoute une années bissextile tous les quatre ans (à l’exception d’une par siècle).
Par exemple un de ces recalage de calendrier a déplacé le nouvel an du premier janvier au premier avril, ce qui est à l’origine des farces que l’on commet ce jour là.
Le dernier mois de l’année porte le nom de décembre, « le dixième mois », témoin d’un jour de l’an bien plus tardif. Le zodiaque astrologique débute avec le signe du Bélier à l’équinoxe du printemps, actuellement le 21 mars.
Notons une anomalie qui n’a pas été empêchée par la réforme grégorienne : la fête de Noël devrait avoir lieu le jour du solstice d’hiver, soit le 21 décembre et la Saint Jean le 21 juin au solstice d’été.
Choisir le moment du nouvel an
Notre premier janvier, premier jour de notre actuel calendrier, a lieu 11 jours après le solstice d’hiver. Pourquoi ce moment de l’année ?
En réalité l’observation du soleil nous apprend que 11 jours avant le solstice d’hiver a lieu le coucher de soleil le plus précoce de l’année, après quoi les après-midi commencent à s’allonger. D’où le proverbe : « à la Sainte Luce (luce =lumière), les soirs augmentent du saut d’une puce ». Mais pendant ce temps les jours décroissent encore le matin.
De même 11 jours après le solstice d’hiver le soleil se lève au plus tard de l’année, ensuite il commence à se lever de nouveau plus tôt.
C’est cette observation qui a conduit à placer le 1er janvier au moment ou non seulement les soirs mais aussi les matins commencent à s’allonger.
C’est une jolie façon, mais pas la seule, de marquer l’entrée dans la nouvelle année que de fêter le moment ou les jours s’allongent sans ambiguïté.
Le réveil des énergies
Nous venons de voir que l’observation astronomique ne suffisait pas à définir le moment idéal pour le début d’année. Il s’agit d’un choix subjectif, ce qui explique la très grande variété des dates de nouvel an dans les différentes cultures.
Penchons nous maintenant sur le calendrier chinois qui nous intéresse particulièrement.
Le calendrier chinois est soli-lunaire, ce qui veut dire que les mois chinois sont en fait les cycles lunaires. Comme 12 lunes font moins d’un an, il existe une année à 13 lunes environ tous les trois ans.
La date du nouvel an chinois tombe entre le 21 Janvier et le 20 Février, le jour de la nouvelle lune qui se situe à mi-distance entre le solstice d’hiver et l’équinoxe du printemps.
Cette notion de mi-distance est la plus importante sur le plan énergétique: les chinois ont décidé de fixer le début du cycle solaire à ce moment clé, le 5 février dans notre calendrier.
Pourquoi ?
Si nous voulons le comprendre, il nous suffit de nous livrer, comme eux l’on fait il y a plus de 4700 ans, à une observation de la nature. Le fait le plus évident est le retour du chant des oiseaux. En janvier il est tout à fait exceptionnel d’entendre chanter une mésange ou une grive, mais dès le début février le concert commence, d’abord timidement pour s’amplifier jusqu’aux mois de mai et juin.
Les plantes se préparent de façon invisible à la monté de sève, alors même que les plus grands froids sont encore à venir. Dans le sud de la France les mimosas et les amandiers commencent à fleurir, marquant le réveil de l’énergie des plantes.
Si nous nous observons nous-même, nous verrons que nous sommes très sensibles à cette période à chaque indice de renouveau : l’émotion de voir de l’herbe verdir au pied d’un muret, la nuit qui n’est plus si noire au lever, le soleil qui se couche vraiment plus tard dans l’après-midi, et dont le rayonnement devient plus puissant en journée. Les rayons qui rentraient par la fenêtre jusqu’au fond du séjour qui se font plus courts et plus ardents.
Physiquement nous avons un peu plus d’énergie, ce qui s’accompagne d’un peu plus d’enthousiasme, de capacité à se projeter dans l’avenir.
Vivre l’intersaison énergétique
Les anciens chinois ont aussi observé que ce fragile retour d’un nouvel élan dépendait également des conditions atmosphériques du moment. Qu’il fasse bon et l’on pourrait se croire au printemps . Que le froid ou la neige nous assaille, et l’on pourrait penser que l’hiver n’en finira pas. Ils ont donc choisi de définir cette période de l’année comme une intersaison entre hiver et printemps, s’étalant du 27 janvier au 15 février.
Ces dates sont définies de la façon suivante : l’année est découpée en 5 saisons de 73 jours, la cinquième saison étant elle même répartie en quatre intersaisons de 18 jours. La première intersaison est centrée sur le 5 février (point milieu entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps) ce qui donne la période du 27 janvier au 15 février.
Tout cela peut sembler totalement arbitraire. Mais ma pratique de l’énergétique, et donc de l’observation des phénomènes naturels comme de la physiologie humaine m’ont amené à en percevoir l’extrême pertinence.
La notion de cinquième saison et de son rapport avec l’énergie de la Terre en médecine chinoise demandera d’autres développements, mais notons ceci :
jusqu’à la fin janvier, nous nous sentons vraiment dans l’énergie de l’hiver, même en cas de redoux ou de beau temps extraordinaire.
A partir de mi-février, nous nous sentons emportés par les projections d’avenir, l’année précédente nous semble déjà loin, qu’il neige ou qu’il vente.
J’observe sur mes patients en cette intersaison une augmentation des plaintes d’état d’irritabilité, de douleurs erratiques, de réveils nocturnes qui sont typiques du printemps.
En conclusion, le nouvel an chinois nous indique une période de l’année pendant laquelle nous sortons progressivement de l’intériorité hivernale pour nous projeter avec une énergie croissante vers l’avenir. Cette sensation de renouveau dépend cependant des conditions climatiques.
Pourquoi ne pas en profiter : s’il fait beau et doux pour faire quelques travaux de jardinage (c’est la période de la taille des arbres) ou faire de belles sorties en nature, et s’il fait mauvais, de paresser encore un peu sous la couette ou au coin du feu.
Dans tous les cas , le printemps de l’énergie n’est plus très loin.
Bonne intersaison à vous.